J’étais en train de démarrer ma voiture quand mon téléphone a sonné, c’était ce con de Baptiste qui m’annonça de but-en-blanc, sans même me dire « salut », « allô », « merde » ou quoi que ce soit d’autre : « Elle a dit oui, on n’a pas encore de dates mais elle a dit oui ! ».
D’abord, je n’ai pas compris, ensuite, je n’ai pas voulu comprendre. Ce con allait se marier. J’ai démarré la voiture et j’ai été retrouver les autres comme c’était prévu. Comme on allait regarder un match, je ne savais pas si je devais leur annoncer avant ou après, ou si Bapt’ l’avait déjà fait à ma place. J’ai donc décidé de ne rien faire, de laisser les autres s’enflammer sur les actions, les coups-francs, les passes et surtout, sur les deux buts de Zlatan. Julien avait encore trop bu et commençait à rappeler son ex, Bruno, comme à son habitude, faisait l’expert et se perdait dans une analyse du match qui allait durer deux fois plus longtemps que le match. Quant à moi, j’avais les yeux scotchés sur le vert de l’écran mais j’avais l’esprit ailleurs. Il ne me l’a pas demandé, mais je savais que ça allait être à moi d’organiser l’enterrement de vie de garçon de Baptiste. C’était à la fois un honneur, j’étais fier d’être son pote et j’étais fier d’avoir ce rôle, mais je n’avais aucune idée, pas la moindre foutue idée de ce que j’allais pouvoir concocter.
Pendant les jours qui suivirent, au boulot, à la maison, cette pensée commençait à me hanter. Il allait falloir que j’assure, je ne pouvais pas me permettre de faire un truc bidon. Comme chaque mec de ma génération, j’ai donc taper « enterrement de vie de garçon » sur Google, puis « enterrement de vie de garçon bon plans », puis « enterrement de vie de garçon original », rien.
Enfin, pas rien, je tombais sur des vieux blogs à la mords-moi-le nœud, des albums photos à la con avec des mecs déguisés en teub, des groupes d’anglais bourrés et torse nus, pinte à la main et bedaine glorieuse. Bref, plus je cherchais, moins je trouvais d’idée.
Quelques jours plus tard, mon oncle Philippe était rentré d’un voyage en moto qu’il a fait avec sa nouvelle copine dans les pays de l’est et avait décidé de nous en faire un rapport détaillé lors d’un repas de famille. Il n’était pas du genre à prendre beaucoup de photo et la ville de Budapest lui a fait changer cette habitude. Son smartphone était inondé de photos de ce grand bâtiment qui ressemble au parlement de Londres (j’ai appris par la suite qu’il s’agissait du parlement hongrois), d’un château sur une colline, d’une grande place avec plein de statues de rois, de belles avenues et plein d’autres encore. Les photos, à elles seules ne m’auraient pas convaincu, mon oncle n’était pas un bon photographe même si on pouvait deviner que ces monuments n’avaient pas besoin de ce talent pour exprimer leur beauté. Non, ce qui m’avait convaincu, c’est que Philippe, mon oncle, ne parlait que de Budapest, comme si il n’avait été que là-bas. Il parlait des gens, de la beauté de la ville au printemps, du coût de la vie, etc… Du coup, parce-que je fais confiance à mon oncle et que je n’avais toujours pas d’idées pour Baptiste, j’ai tapé « enterrement de vie de garçon Budapest » dans Google et la solution m’est apparue comme l’Archange Gabriel à la vierge Marie ; j’allais organiser l’ « evg d’enfer » de Baptiste à Budapest !
A suivre…